Des souris et des hommes by Steinbeck John

Des souris et des hommes by Steinbeck John

Auteur:Steinbeck, John [Steinbeck, John]
La langue: eng
Format: epub, mobi
Tags: Roman, Historique
Éditeur: Gallimard
Publié: 2011-06-27T03:46:18+00:00


IV

Crooks, le palefrenier noir, logeait dans la sellerie, un petit hangar adossé au mur de l'écurie. D'un côté de la petite chambre, il y avait une fenêtre carrée à quatre vitres, et, de l'autre côté, une porte étroite qui donnait dans l'écurie. Le lit de Crooks consistait en une longue caisse remplie de paille, sur laquelle il étendait ses couvertures. Au mur, près de la fenêtre, il y avait des patères d'où pendaient des harnais brisés en réparation, des bandes de cuir neuf, et, sous la fenêtre même, un petit banc avec des outils de bourrelier, couteaux recourbés, aiguilles, pelotons de fil de lin, et un petit rivoir à main. Des pièces de harnachement pendaient aussi à des patères, un collier fendu, dont le rembourrage en crin s'échappait, une attelle cassée, et une rêne dont le revêtement de cuir avait craqué. Crooks avait sa caisse à pommes au-dessus de son lit, et il y conservait des rangées de médicaments, aussi bien pour lui que pour les chevaux. Il y avait des boîtes de savon pour l'entretien des selles, et un pot de goudron dégouttant, dont le manche du pinceau dépassait le bord. Un certain nombre d'objets personnels jonchaient le plancher ; car, vivant seul, Crooks pouvait laisser ses affaires traîner partout, et, étant palefrenier et infirme, il était plus permanent que les autres hommes, et il avait accumulé plus de choses qu'il n'aurait pu en porter sur son dos.

Crooks possédait plusieurs paires de souliers, une paire de bottes en caoutchouc, un gros réveille-matin et un fusil à un coup. Et il avait des livres également : un dictionnaire en loques, un exemplaire défraîchi du code civil californien de 1905, et quelques livres sales sur un rayon spécial au-dessus de son lit. Une paire de lunettes d'écaillé pendait à un clou sur le mur, au-dessus du lit.

Cette chambre était balayée et assez propre, car Crooks était hautain et fier. Il gardait ses distances et entendait que les autres en fissent autant. Son corps penchait du côté gauche, à cause de sa colonne vertébrale déviée, et ses yeux enfoncés dans les orbites semblaient, en raison de leur profondeur, briller avec intensité. Son visage maigre était sillonné de profondes rides noires, et il avait des lèvres fines, douloureusement contractées, d'un ton plus clair que le reste de son visage.

C'était samedi soir. Par la porte ouverte qui donnait dans l'écurie, on entendait un bruit de chevaux qui s'agitaient, de pieds qui bougeaient, de dents broyant le foin, un ferraillement de licous. Dans la chambre du palefrenier, une petite lampe électrique jetait une maigre lueur jaune.

Crooks était assis sur son lit. Sa queue de chemise sortait de son pantalon. D'une main, il tenait une bouteille de liniment et, de l'autre, il se frottait l'épine dorsale. De temps en temps, il versait quelques gouttes du liniment dans la paume rose de sa main, et il se remettait à frotter, la main haut fourrée sous sa chemise. Il contractait les muscles de son dos et tressaillait.

Sans bruit,



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